Pourquoi l’amour ne suffit pas

J’ai découvert ce livre au titre provocateur, en pleine bourrasque de l’adolescence de mon plus jeune fils. Ce livre m’a accompagnée, remis les “pendules à l’heure” avec clarté et bienveillance. Il continue de m’éclairer dans ma pratique professionnelle en cabinet de psychothérapie.

J’ai le souhait de vous donner envie de le parcourir, peut-être de le lire car j’ai la conviction qu’il est un point d’ancrage pour un adulte en quête de sa place de parent et qu’il ouvre le débat en posant une parole engagée.

Je présente surtout la première et dernière partie, Le mythe de l’amour et ses ravages et L’éducation, moteur de la construction de l’enfant.

Claude Halmos défend l’idée qu’un enfant ne s’élève pas tout seul, qu’il ne suffit de suivre passivement son développement en l’entourant de sollicitude pour lui permettre de franchir les étapes de sa croissance psychique (qui est à prendre en compte autant que sa croissance physique), que le rôle des parents est un travail complexe à soutenir et à valoriser et dont tous les parents sont capables. C’est le devoir d’éducation. Il est d’oser poser des limites, de structurer un développement en soutenant le désir de l’enfant dans le respect des grandes lois humaines.

 

Partie 1


Le propos commence par le questionnement de ce qui souvent donné comme un évidence : l’amour parental. Ors, il n’est pas toujours là et il n’est pas toujours bon.

«Pas toujours là» car beaucoup d’adultes n’ont pas reçu l’amour dont ils avaient besoin. Reconnaître ce manque est la source de profonde souffrance. Or, pour aimer il faut d’abord avoir été aimé soi-même, c’est-à-dire pris en compte comme un être unique et soutenu dans la conquête de son autonomie.
«Pas toujours bon» car l’enfant peut être objet de possession par l’adulte et que celle-ci entrave son développement.

Cet amour parental qui est d’abord un devoir d’éducation n’est pas un long fleuve tranquille, l’adulte va devoir poser des limites, donner des repères afin que le petit homme se structure.

Des étapes sont à franchir : il en va de la croissance psychique comme de la croissance physique, elle obéit à des règles. Cet amour est spécifique et se distingue de l’amour en général, celui que l’on porte à un autre adulte.
«Aimer un enfant c’est lui être chaque jour moins indispensable. L’aider à se détacher de soi pour qu’il puisse s’attacher à d’autres».
Le parent travaille dès le début, à cet attachement/détachement.

«Être parent c’est cultiver la fierté du bâtisseur, celui qui réalise une belle œuvre qui résiste aux intempéries et qui lui survivra».

Quelles sont les ressources du parent et si elles font défaut comment les trouver ? Quel sens a son engagement éducatif ? Aimer d’un amour parental est complexe et cette complexité doit être reconnue.

 

Partie 2


L’éducation n’a pas qu’une fonction adaptative, elle est d’abord humanisante et touche à la structuration du psychisme. 3 règles caractérisent son développement :
1/ il commence très tôt (vie intra utérine)
2/ il ne va pas de soi (tout se construit, le rapport à soi, à autrui, au travail, à la sexualité à la Loi)
3/ il nécessite l’intervention de l’adulte.

Claude Halmos rappelle que l’adulte parent n’est pas condamné à reproduire l’éducation qu’il a reçu et que les connaissances actuelles, nombreuses, sur le développement du psychisme sont à disposition. Tous les parents peuvent éduquer leurs enfants et c’est très réparateur pour beaucoup de le faire. Cela n’exclut pas qu’il a le droit d’être informé sur les principes qui régissent le développement d’un enfant et si nécessaire guidé pour le faire.

L’éducation consiste à prévenir les carences en lui apportant parole, tendresse, attention, sécurité et limites. Lui apprendre à faire des efforts «on n’obtient pas tout, tout de suite». Lui apprendre à se défendre et à ne pas attaquer. Poser des interdits.

Il est central d’accompagner l’autonomie de l’enfant, c’est-à-dire de l’encourager à faire tous les gestes du quotidien qui sont à sa portée. Se débrouiller trop tôt ou rester trop longtemps dépendant sont tout aussi préjudiciables.

Chaque enfant est unique et la peur de la norme peut démobiliser le parent qui a besoin de repères pour occuper sa place de parent.

Le psychanalyste, une personne ressource ?
De leur expérience de l’écoute de « l’enfant intérieur » du patient adulte, ils ont accès aux preuves des conséquences des maltraitances éducatives.

A titre d’exemple voici une liste non complète, des besoins incontournables à la croissance psychique de l’enfant : respecter son intimité, le valoriser, le soutenir dans l’expression de ses émotions et ressentis, laisser l’enfant à sa place, ni confident, ni «singe savant» réalisant les désirs de l’adulte insatisfait.

Comment le bébé naît au monde, les étapes :
Les étapes de la croissance passent par un renoncement de la part de l’enfant aux plaisirs qui lui était connus (celui de la tétée en est un fondamental) pour des plaisirs nouveaux et inconnus. Il va devoir accepter une phase de vide avant de trouver de nouvelle satisfaction. Par ex, passer de la tétée à l’alimentation diversifiée va ouvrir sur de nouveaux goûts, des consistances, de partager un repas…Chaque étape pour l’enfant passe par une « souffrance » avant d’ouvrir vers de nouveaux plaisirs, il va falloir que le parent l’incite à la franchir, le soutienne et supporte de voir son enfant en difficulté. Cela sous-entend aussi que le parent est prêt à renoncer au plaisir qu’il partageait avec son enfant.

«La castration (au sens de Françoise Dolto) c’est l’interdit radical opposé à la satisfaction recherchée et auparavant connue». En donnant cette castration la mère place sur le chemin de l’enfant une sorte de sens interdit. Elle défend à sa libido de prendre pour se satisfaire le chemin qu’elle empruntait jusque-là. Elle la contraint à trouver d’autres voies.

Dans ce registre, poser des limites et un cadre à l’enfant c’est soutenir son désir et son plaisir, c’est transformer son bon plaisir, en « plaisir bon », soutenir le désir et ne pas en avoir peur, progresser, se développer et intégrer les lois humaines dès le plus jeune âge.

Tout cela pour un enfant sûr de lui, volontaire et heureux.

pourquoi l'amour ne suffit pas book.jpg
Précédent
Précédent

RV le 20 mars : atelier de communication positive

Suivant
Suivant

“Pour une enfance heureuse” : repenser l’éducation